LE DERNIER ESPOIR

Le dernier espoir est une nouvelle fantastique et science-fiction. Nous suivons l'histoire de Eric, Jane et Miguel, trois personnes complètement différentes qui ne se connaissent pas. Ils n'ont pas le même statut financier, ni le même âge, ils vivent dans trois pays différents, Nazca, France, Angleterre. Rien ne pourrait les rapprocher, et pourtant, ils ont un point commun qui va les amener à prendre une décision qui changera à jamais l'humanité. Ils seront guidés par un pressentiment qui les poussera à se rendre sur des édifices. Que vont-ils apprendre, quel choix vont-ils faire et pourquoi ont-ils été choisi, eux et pas un autre ?

Paris, le 2 août à 6 heures


Comme tous les matins, le réveil programmé à six heures assure son rôle et fait émerger le chercheur qui était encore dans ses rêves de la pyramide de Gizeh. Il l’éteint machinalement en marmonnant des sons indescriptibles et prend une bonne tasse de café pour sortir de sa nuit merveilleuse qu’il n’a pas pu finir comme il l’aurait souhaité.

Une fois prêt, Éric part à son travail sans grande motivation. Lorsqu’il a commencé comme astronome il y a dix ans, ce dernier était plein d’entrain et d’envie de changer la vision des gens en découvrant des nouveaux mondes. Mais, il est tombé sur des collègues peu sérieux et beaucoup moins passionnés que lui.

À huit heures tapantes, Éric est assis à son bureau sur lequel trône son ordinateur parmi tout un attirail ; des morceaux de roche, des statues Égyptiennes, de sable, venant de ses nombreux voyages en Égypte. Il n’y a aucun cadre avec des photos de famille comme tous ses collègues, car il n’a jamais eu de foyer. Abandonné nourrisson, celui-ci a grandi dans des orphelinats. Vers ses seize ans, il a développé une obsession pour l’Égypte et les pyramides, ce qui lui prend tout son temps en le privant de relations sérieuses ou tout simplement de profiter de la vie. C’est un bel homme séduisant, brun aux yeux vert de trente-cinq ans, d’un mètre quatre-vingt, assez musclé qui prend soin de son corps et même si son physique lui permet d’attirer la gent féminine, cela ne dure jamais plus de quelques jours.

-Alors, Éric mal réveillé ?

Perdu dans ses pensées, Éric sursaute en entendant son collègue l’interpeller derrière lui. Il tourne son fauteuil pour lui faire face.

-Si, ça va. Pourquoi dis-tu ça, Alex ?

-Tu as une sale tête.

-Un peu comme tous les jours.

Ils s’esclaffent ensemble. Même si Éric n’a pas d’attache réelle avec les autres employés, il essaye de rire de temps en temps avec eux pour passer plus agréablement ces heures de boulot, et ne pas être dans la solitude toute la journée.

-Plus sérieusement, tu es plus blanc que d’habitude.

-Je n’ai pas assez dormi, c’est tout.

-OK, si tu vois que ça ne va pas mieux, tu peux rentrer chez toi, ce n’est pas comme si on croulait sous le travail.

-Ça ira, merci de ta sympathie, mais je n’ai pas envie de me retaper trente minutes de bouchon dans Paris pour arriver jusque chez moi.

Alex, lui fait un geste de la main et part vers son bureau. Éric se lève et décide de se rendre aux toilettes pour examiner son teint en pensant qu’Alex exagérait sur son état.

Une fois devant le miroir, il prend peur. C’est vrai, son teint est blanc avec des énormes cernes. Il ressemble plus à un macchabée ou un zombi. Celui-ci se pince les joues pour faire remonter le sang, mais le rouge disparaît instantanément. C’est vrai qu’il n’a pas beaucoup dormi, mais pas au point de s’apparenter à un mort vivant. Éric fixe ses yeux verts comme hypnotisé par son propre regard, lorsque d’un coup, un pressentiment se fait ressentir jusque dans sa poitrine. Alors qu’il commence à angoisser immédiatement, il hurle en espérant que ses collègues l’entendent.

-À l’aide ! Venez m’aider ! Je ne me sens pas bien ! À L’AIDE !

La porte des toilettes s’ouvre avec violence. Éric se trouve assis au sol sur un carrelage aussi blanc que son teint.

-Ça ne va pas, mon vieux ? se soucie Alex.

-Non, j’ai comme une boule dans la poitrine, ça vient peut-être de mon cœur.

Alex, prend son pouls et l’allonge sur le sol en glissant sa veste en dessous de sa tête.

-Non ça va, tu fais juste une crise de panique.

-Une quoi ?

-C’est juste une angoisse, respire profondément et ferme les yeux. Ça va passer doucement.

-Je ressens une boule énorme, ça m’empêche de bien respirer.

-Ça va aller, calme-toi. Lorsque tu te sentiras mieux, je te raccompagnerai chez toi.

Éric reste pantois, surpris de l’attention que lui porte aujourd’hui son collègue, c’est la première fois qu’il s’inquiète autant pour lui et qu’il cherche à l’aider.



****



Nazca (Pérou), le 2 août à 6 heures.


-Miguel, debout dépêche-toi, le travail n’attend pas !

-Papa, je suis fatigué et normalement je suis en vacances.

-Vacances ? C’est quoi ça ?

-C’est bon, j’arrive, râle-t-il en jetant sa couette au bout de son lit.

Son père sort de la minuscule et modeste pièce qui sert de chambre à l’ado. Miguel se frotte les yeux et se lève en soufflant le plus fort possible pour faire entendre son mécontentement à ses parents. Il tire le rideau qui lui fait office de porte entre sa chambre et la pièce à vivre, composée du salon et de la cuisine. Son père, debout avec une vieille tasse en alu à la main, le regarde d’un air déprimant.

-Les jeunes de maintenant sont tous des fainéants.

Miguel va embrasser sa mère qui est déjà aux fourneaux, sans prêter attention aux remarques de son père.

-Bonjour, mon fils, comment vas-tu aujourd’hui ?

-Bien maman, un peu fatigué, j’ai rêvé des dessins de Nazca.

-Tu as encore joué toute la nuit avec ton pote, ce bon à rien ! lui balance son père avec mépris.

-Non, papa, j’ai mal dormi, c’est tout.

-Tu as une petite mine, mon fils, s’inquiète sa mère en lui touchant le front pour s’assurer qu’il n’a pas de fièvre. Il devrait peut-être rester là aujourd’hui, mon chéri.

-Ah, bon ! Parce qu’il est fatigué alors, Monsieur doit rester à la maison à ne rien foutre ! Et moi, si je suis crevé et que je reste à la maison, qui ira au travail à ma place, qui ramènera les sous pour qu’on puisse manger ?

-C’est un enfant.

-Non, c’est un homme, il a quinze ans. Moi à son âge ça faisait longtemps que je travaillais.

La mère de Miguel le regarde d’un air soucieux.

-Ça va aller maman, je suis juste claqué, c’est tout.

-Voilà de sages paroles, allez prépare-toi, le marché ne patientera pas ! Je t’attends dans la camionnette dans quinze minutes.

Arrivé au marché, l’adolescent, malgré sa grosse fatigue inexplicable, aide son père du mieux qu’il peut. Ce dernier le fixe avec insistance.

-Miguel, tu as vraiment une tête qui fait peur ! s’agace le père.

-Oui, je suis de plus en plus fatigué.

-Va te reposer, mais la prochaine fois profite de la nuit pour dormir au lieu de faire des conneries !

Le jeune regarde l’heure sur le cadran de leur vieux fourgon, il n’est que huit heures.

-Non ça va papa, je peux encore t’aider.

-Il n’y a pas grand monde, je peux me débrouiller, je t’appellerai si j’ai besoin de toi, va dans le fourgon ! ordonne son père irrité de voir son fils aussi mou.

Miguel regarde autour de lui, le marché n’est pas encore rempli, son père a raison. En général, les gens viennent acheter leurs légumes vers les coups de dix heures.

-Très bien, papa.

En marchant lentement vers le camion, il s’observe minutieusement dans le rétroviseur, il se fixe au plus profond de ses yeux noirs, complètement hypnotisé. Ses traits sont tirés par la fatigue et se rend compte qu’il a une tête épouvantable. Tout à coup, celui-ci ressent une boule dans la poitrine, une sorte d’énorme pressentiment qui le force à se recroqueviller sur lui-même, le dos appuyé sur la portière du fourgon.

-Papa, ça ne va pas, viens vite !

Son père court vers lui, paniqué.

-Mon fils qu’est-ce qui se passe ?

-J’ai une boule dans la poitrine.

Son géniteur l’allonge et met son pull sous sa tête et part chercher à boire.

-Ce n’est rien, tu dois être déshydraté, tiens bois.

Sur ce, il lui donne une petite bouteille d’eau fraîche, Miguel boit quelques gorgées.

-Je vais faire venir ta mère, elle va te ramener à la maison.

Miguel reste confus et surpris de l’attention de son père qui se conduit d’habitude comme un bourru et qui à présent se montre comme un homme aimant et inquiet pour lui.



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Berwick St James (Angleterre), le 2 août à 6 heures.


-Mon Dieu quel rêve magnifique ! se dit Jane qui n’arrive plus à fermer les yeux à cause de son rêve sur Stonehenge et décide de se lever en essayant de ne pas réveiller son mari.

Lorsqu’elle remarque l’heure, celle-ci est surprise d’être debout aussi tôt. La jeune femme se fait un café et découpe une baguette de pain pour le griller.

-Ma princesse tu es déjà debout ?

Jane sursaute par la voix de son mari.

-Tu m’as fait peur. Oui, j’ai fait un rêve étrange et impossible de me rendormir.

-Donc, ce n’est pas notre petite puce qui t’a réveillée.

Et tout en l’embrassant, celui-ci passe la main sur le ventre de sa femme qui est enceinte de six mois.

-Non, elle est assez calme en ce moment et je ne vais pas m’en plaindre.

-Tu devrais peut-être te reposer encore un peu, tu as l’air éreintée.

-Ça ira et j’ai mes cours à préparer pour septembre.

-Tu as encore un mois pour les peaufiner.

-Tu sais bien, je ne pourrai pas donner de cours toute l’année, je les prépare donc pour mon futur remplaçant.

-Je pense juste que tu n’es pas à un jour près et tu pourrais te reposer au moins aujourd’hui.

-Oui c’est vrai, mais n’oublie pas qu’aujourd’hui nous devons voir mère et père.

-Comment pourrais-je oublier mes charmants beaux-parents ?

Ils se sourient et prennent leur petit-déjeuner ensemble sur leur grande terrasse avec une magnifique vue sur les champs.

Le brunch terminé, Jane décide de s’allonger sur leur canapé en cuir blanc pour se reposer, son mari est au téléphone avec le médecin de famille pour le tenir informé de la petite forme de sa femme.

-Notre cher docteur va venir te voir en début d’après-midi.

-Ce n’était pas la peine, je dois avoir juste un petit manque de vitamine, rien de très grave.

-Mieux vaut prévenir que guérir.

Elle lui sourit tendrement, ce dernier lui dépose un baiser sur le front.

-Repose-toi, je vais courir.

-Très bien.

Son époux part et la laisse seule sur le canapé. Jane allume la télé et regarde les informations, cependant elle n’arrive pas à se sortir de son rêve. Au bout de trente minutes, son mari rentre déjà.

-Tu as fait vite ton tour, mon amour.

-Je me souciais trop pour toi.

-Je vais bien, dit-elle d’un ton détendu pour le rassurer.

-Tu n’as vraiment pas vu ta mine, je pense que tu couves quelque chose.

-Pourtant à part de la fatigue, je me sens bien.

-Reste allongée, profite pour reprendre des forces, je file à la douche, je fais vite.

Il l’embrasse sur la joue avec un air préoccupé et se dépêche d’aller se laver. Jane regarde l’heure sur la chaîne info, il est déjà huit heures.

Après quelques minutes de mauvaises nouvelles sur les chaînes d’actualités, elle coupe la télé et rejoint son mari dans la salle de bains. Celle-ci se dévisage dans le miroir, son teint blanc naturel est presque translucide, ses cheveux blonds sont remplis de nœuds, ce qui lui donne l’impression que des oiseaux ont niché dedans.

D’un coup, elle plonge son regard dans ses yeux bleus, elle se sent hypnotisé, lorsqu’elle voit une petite lumière au fond de ses iris. Jane se rapproche encore plus du miroir sans cligner une seule fois des paupières et brusquement une boule se forme dans sa poitrine. La jeune femme se sent très affaiblie, elle s’assied doucement en se tenant au lavabo.

-Mon amour, je ne me sens pas bien d’un coup.

Son mari sort la tête de la douche et la voit par terre toujours une main agrippée au lavabo. Il prend sa serviette, la met autour de sa taille et se précipite vers son épouse à la limite de glisser, il se rattrape au porte-serviettes de justesse.

-Qu’est-ce qui ne va pas ? lui demande-t-il en passant la main dans ses cheveux blonds pour les ramener en arrière.

-J’ai une sensation bizarre à la poitrine.

-Tu as du mal à respirer ?

-Un peu, c’est comme si j’avais un pressentiment, mais en beaucoup plus fort.

-Ne bouge pas.

Son chéri place ses bras en dessous d’elle et la soulève jusqu’au canapé.

-Je vais rappeler le médecin.

-Tu crois que c’est le bébé ?

-Non, ne te fais pas de souci, ce n’est rien de grave.

Jane est surprise de la voix sereine et détendue de son homme, ce qui ne lui ressemble pas du tout, il est plutôt du genre à s’affoler de tout et de rien.



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Paris, le 3 août à 10 heures.


Éric se lève encore après un rêve déroutant sur la pyramide de Gizeh. La veille, Alex l’a déposé chez lui sans entrer et son patron lui a avancé d’une semaine ses vacances pour qu’il ne perde pas des jours sur son salaire. Depuis hier, ce pressentiment ne le lâche pas et s’accroît de plus en plus à mesure que le temps passe.

La journée, il essaie de s’occuper en regardant la télé, jouer à la console ou lire ses livres : « Théories folles de l’histoire : l’énigme de la grande pyramide » est l’un de ses préférés. Étrangement à chaque fois qu’il fait ou qu’il observe quelque chose en rapport avec la pyramide, son pressentiment s’accentue.

Sans grand succès, Éric essaie d’oublier ce rêve, mais le jeune homme se revoit devant la pyramide en pleine nuit sans aucune étoile. Il marche, guidé par quelque chose d’invisible. Il fait chaud, mais pas au point de suffoquer. Éric est seul, il n’y a aucune vie autour. En se dirigeant vers le sphinx, la sensation dans sa poitrine qu’il ressent aussi dans son rêve devient lourde et étouffante. La peur l’envahit, néanmoins il continue à s’approcher de ce sphinx à pas décidé. Au moment où il arrive à la base de la structure, ses yeux se mettent à chauffer. Il les frotte avec ses deux mains, mais cela ne change rien. Comme poussé par une force invisible, Éric pose la main sur la gigantesque statue et une sorte de chaleur lui transperce le bras, le torse, puis tout son corps. Ensuite un trou noir et il se réveille en sueur. Mais pourquoi ce rêve ne sort-il pas de ses pensées ?

Et pourquoi ce dernier a la sensation qu’il doit aller jusqu’à la pyramide pour avoir des réponses ?

C’est décidé, cette nuit si je fais encore le même rêve et que j’ai toujours ce pressentiment, je prends un billet pour l’Égypte, songe-t-il.

Soudain son téléphone sonne et le sort de ses réflexions.

-Allô ?

-Salut, c’est Alex, comment vas-tu aujourd’hui ?

-Oh, Alex ! C’est gentil, je vais bien, merci, répond Éric très surpris de son appel.

-Tu es allé voir un médecin ?

-Non, je ne pense pas qu’un médecin puisse m’aider.

-Pourquoi ça ?

-Laisse tomber, tu vas me prendre pour un fou.

-Non, pas plus que d’habitude.

Alex se met à ricaner, cependant Éric n’est pas d’humeur et le laisse rire tout seul.

-J’ai le pressentiment que je dois me rendre à la pyramide de Gizeh et que c’est urgent.

-Chaque année pour tes vacances tu y vas, donc je ne vois pas ce que ça change cette fois-ci.

-Si, c’est différent, on dirait qu’on… Éric laisse sa phrase en suspens, ne trouvant pas les mots.

-Qu’on, quoi ? insiste Alex.

-Qu’on me pousse à y aller, qu’on m’appelle.

-Mais qui est, ce « on » ?

-Je ne sais pas, c’est une impression, mais tellement forte que j’ai le pressentiment que je dois m’y rendre.

-Heu…

-Je t’avais dit que tu allais penser que je suis fou.

-Ce n’est pas ce que j’ai dit, mais c’est très étrange ce que tu me racontes.

-Je devrais faire quoi à ton avis ?

-Fonce, vas-y ! Si cela peut t’aider à te sentir mieux après.

-Oui, tu as raison, merci.

-De rien, mon collègue fou.

Alex se met à rire et cette fois-ci, Éric se joint à lui. En raccrochant, il se rend compte que d’avoir partagé son ressenti ou peut-être le fait d’avoir pris la décision de se rendre en Égypte lui a procuré une sensation de bien-être.

Sans perdre de temps, le jeune homme commande un billet. Comme son avion décolle dans quelques heures, sans méditer, il prépare ses affaires avec précipitation.



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Nazca (Pérou), le 3 août à 10 heures.


-Mon fils réveille-toi, il est dix heures, lui dit sa mère en lui caressant le dos.

-Déjà et papa il est allé travailler tout seul ? s’affole tout de suite le jeune.

-Oui, tu lui as fait une grosse frayeur hier, il a préféré te laisser un peu de répit.

-Ah bon ? répond-il étonné.

-Tu sais, ton père n’est pas cruel non plus, il a un cœur.

-Oui, c’est juste que je ne connaissais pas ce côté chez lui.

-Il y en a plein encore que tu ne connais pas. Allez, lève-toi, il y a ton copain qui t’attend devant la porte de la maison.

-Je peux sortir ?

-Oui, mais sois à la maison avant que ton père rentre du travail.

-Merci, maman.

Miguel fait un bisou sur la joue à sa mère et part rejoindre son meilleur et unique pote en courant.

-Salut, t’as fait la grasse mat' ?

-Oui, j’ai eu un malaise hier.

-Ouais, je sais, tout le monde en parle, on m’a dit que tu avais une tête de zombi.

Son ami explose de rire en imitant les morts-vivants, Miguel lui met une tape derrière la tête.

-Eh ! lui cria-t-il en se frottant l’arrière de la tête. Franchement tu as eu quoi, tes parents t’ont emmené voir le docteur ? s’inquiète-t-il.

-Non, t’es fou ! Tu as vu le prix du doc. C’était juste un malaise, rien de plus.

-Arrête, t’as vu la tronche que tu as encore aujourd’hui ?

-Quoi !? lui dit-il vexer.

-Tu me caches un truc, vas-y raconte-moi.

Tous les deux déambulent dans les rues assez abîmées à certains endroits, les gamins doivent faire attention de ne pas trébucher sur les trottoirs défoncés. Ils croisent des maisons, certaines colorées en verte, d’autres en orange ou encore en briques apparentes. Miguel hésite à raconter à son ami ce qu’il ressent et les rêves qu’il fait depuis deux nuits.

-Aller, accouche ! s’entête-t-il.

-D’accord, mais si tu me promets de ne rien dire à personne.

-Promis, si je mens, je vais en enfer.

La phrase de son pote fait sourire Miguel.

-Alors ça fait deux nuits que je rêve des dessins de Nazca et j’ai le pressentiment que je dois m’y rendre.

-Encore ça, mais tu en deviens obsédé, sérieux !

-Mais non ! Écoute c’est différent cette fois-ci. Je ne pourrai pas l’expliquer, c’est comme si on m’appelait de là-bas et que je devais aller sur place.

-N’importe quoi ! Cet endroit te rend fou.

-Je savais que tu ne me comprendrais pas, laisse tomber !

Son ami le dévisage et se rend compte que son pote ne va vraiment pas bien.

-D’accord alors, allons-y tous les deux.

L’adolescent regarde son ami surpris.

-Je croyais que j’étais fou.

-Oh que oui ! Seulement s’il y a la moindre chance que de se rendre là-bas puisse t’aider à redevenir normal, alors nous irons.

Miguel fait un grand sourire à son pote et se sent soulagé, cependant il a le pressentiment qu’il doit s’y rendre tout seul.



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Berwick St James (Angleterre), le 3 août à 10 heures


Jane s’étire de tout son long ce qui fait ressortir son ventre en baudruche. Son mari ouvre la porte de leur chambre spacieuse et luxueuse.

-Bien reposé, ma princesse ?

-Oui, plutôt bien, mais toujours ce rêve bizarre qui m’a encore hanté cette nuit.

Il dépose un plateau-repas sur ses jambes. Celle-ci découvre un copieux petit-déjeuner, des tartines de confitures, des œufs brouillés avec une tasse de café, un grand verre de jus d’orange pressée de ce matin et une magnifique rose.

-Merci, mon chéri, tout cela me donne l’appétit.

Son homme lui dépose un tendre baiser sur le front en s’asseyant ensuite sur le fauteuil du style Louis XVI à droite de sa campagne.

-Explique-moi ce rêve.

-Je marche en direction de Stonehenge, il fait nuit, mais étrangement il n’y a aucune étoile. Je suis quelque chose d’invisible, je n’ai aucun doute sur l’endroit où je me rends. Une fois arrivée sur place, mes yeux me brûlent, alors je les frotte avec les deux mains et là, une force invisible me pousse à poser ma main sur une des roches brutes. Je ressens une chaleur dans ma main, qui se propage dans ma poitrine puis dans tout mon corps. Ensuite le trou noir et je me réveille.

-Ce n’est rien, ma princesse, tous les matins tu passes devant Stonehenge, c’est juste ton subconscient qui le fait ressortir dans tes rêves.

-Deux nuits d’affilée ?

-Tu es enceinte, ça peut te jouer des tours.

-Et ce pressentiment que j’ai au fond de moi, il me ronge, j’ai l’impression que je dois me rendre là-bas.

-Ce sont les hormones, le médecin te l’a dit hier.

-Non, c’est plus fort que ça, on dirait qu’on m’appelle et que je dois m’y rendre.

-Qui t’appelle ?

-Je... Je ne sais pas, elle baisse les yeux sur son repas, troublée par ce qu’elle raconte.

-Tu vois bien, c’est juste ta grossesse qui te rend un peu folle.

Jane ressent de la colère monter, en elle, pourquoi, l’homme de sa vie ne veut pas comprendre qu’il y a vraiment quelque chose d’étrange dans tout ça ?

-Tu ne veux pas me croire ! s’emporte-t-elle.

-Te croire sur quoi ? Sur le fait que tu fasses des rêves un peu bizarres et que ça te travaille la journée.

-Non ! Tu ne comprends vraiment rien ! crie-t-elle sur son mari.

Quant à lui, il reste très calme pour ne pas envenimer la situation déjà très tendue.

-Je t’explique que je dois me rendre sur place, j’ai un pressentiment qui me pousse à y aller.

-Je devrais appeler le médecin et en discuter avec lui.

-Pourquoi ?

-Pour qu’il te rassure et te dise que tout ce que tu ressens est tout à fait normal.

-Merde !!!

Son époux interdit et surpris de la grossièreté qui sort de la bouche de sa femme, ce qui ne lui ressemble pas du tout, tente néanmoins de faire redescendre la tension.

-D’accord, on ira ensemble et tu te sentiras mieux après.

-Non, je dois y aller seule.

-Tu es enceinte, ma princesse.

-Oui, de six mois, je peux me déplacer toute seule et c’est à dix minutes en voiture. Je ne risque rien.

-Très bien, je t’attendrai à la maison, accepte-t-il résigné.

La colère de Jane disparaît pour laisser place à un soulagement depuis qu’elle a décidé de se rendre à Stonehenge.



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Le Caire (Égypte), le 4 août à 7 heures.


Éric se réveille dans un hôtel au Caire, le cœur tambourinant fort dans sa poitrine à cause du même rêve qui le hante chaque nuit. Son pressentiment est bien plus fort que les deux derniers jours, seulement il lui est impossible de savoir si c’est un bon ou un mauvais. Tout ce qu’il sait, c’est qu’il doit se rendre au sphinx pour comprendre ce qu’il ressent.

Éric prend son petit-déjeuner, se prépare et se dirige enfin vers les pyramides de Gizeh. Un taxi l’attend devant l’hôtel, il monte dedans et pour la première fois de tous ses voyages qu’il a pu faire, son cœur bat la chamade. Ses mains deviennent moites, il en devient de plus en plus nerveux, mais sans savoir pourquoi. Encore trente minutes de route le séparent de ses réponses, il regarde le paysage pour essayer de penser à autre chose. Plus la voiture se rapproche et plus sa respiration s’accélère. Le chauffeur lui jette des coups d’œil inquiets discrètement.

-Vous allez bien, Monsieur ?

-Oui, très bien.

Éric a dû se racler la gorge à deux reprises avant de pouvoir lui répondre.

Le conducteur se reconcentre sur la route, il appuie un peu plus sur le champignon, pressé de se débarrasser de son client étrange.

-Nous arrivons dans cinq minutes, Monsieur.

-D’accord, lui répond-il angoissé.

Il arrête la voiture juste avant le point de contrôle, Éric lui donne son argent pour la course. Sans vérifier, le chauffeur le remercie et repart à toute vitesse.

Sans réfléchir, Éric trace droit vers la pyramide. C’est rempli de monde, le tourisme bat à son plein. D’un coup, le jeune homme reconnaît le sentiment qu’il ressentait dans son rêve. Il se sent guidé par quelque chose et se dirige vers le sphinx, il essaye de s’arrêter, mais impossible quelque chose le contrôle. Son cœur s’accélère, il veut appeler les gens autour de lui, leur crier au secours, seulement ce dernier n’arrive pas à ouvrir la bouche. Ses yeux verts sont fixés sur la statue, son cœur redouble d’intensité, le pressentiment devient encore plus puissant à tel point qu’il en a du mal à respirer.

Arrivé devant le sphinx, ses yeux brûlent, il les frotte avec les deux mains et quand il les rouvre, il ne croit pas ce qu’il voit. Il fait nuit ! C’est en levant le regard vers le ciel qu’il remarque une éclipse totale, il comprend mieux pourquoi dans ses rêves, il ne voyait jamais d’étoile. Éric est tout seul, plus l’ombre d’une personne, une force invisible lui pousse la main et la lui pose sur le gigantesque sphinx. Tout à coup une lumière bleue aveuglante entoure la statue, le jeune homme ressent la chaleur naviguer de sa main à sa poitrine puis dans tout son corps et la lumière le transperce aussi. Il lève la tête vers le ciel et ouvre la bouche comme pour faire sortir cette lumière qui est en lui, mais à la place, Éric est alors connecté à quelque chose ou plutôt à quelqu’un.



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Nazca (Pérou), le 4 août à 7 heures.


Miguel se réveille en sursaut et en sueur après son rêve.

-Purée encore ce maudit rêve, j’en ai marre, je dois m’y rendre maintenant et comprendre, râle-t-il entre ses dents.

Déterminé, il se lève et rejoint sa mère qui est assise sur la petite chaise en bois dégustant doucement son thé chaud.

-Déjà debout, mon fils ?

-Oui, je dois aller dans le désert.

-Dans le désert ? répète-t-elle surprise.

-Il faut que j’aille voir les dessins.

-Encore, tu sais qu’il y a des chercheurs et tu n’as pas le droit de te promener n’importe où.

-Ne te fais pas de souci maman, cette fois c’est différent, j’ai le droit d’y aller aujourd’hui.

-Ces derniers jours, tu es bizarre mon fils, je ne t’empêcherai pas de t’y rendre, mais juste, ne te fais pas attraper, ton père ne te le pardonnerait pas si tu te faisais encore surprendre.

-Promis, maman.

-Prends un thé avant de partir au moins.

-Avec plaisir.

L’adolescent prend le temps de partager ce moment avec sa mère. Le pressentiment qui le bouffe depuis deux jours l’effraie. Il ne sait pas si c’est un bon ou un mauvais peut-être qu’il ne reviendra pas de ce voyage. Des idées plus folles les unes que les autres lui traversent l’esprit. Le gamin embrasse fort sa mère et se dirige enfin vers le désert. Il part à pied tout seul sans son copain, Miguel a dû lui mentir en disant qu’ils iraient ce soir, pour ne pas lui faire de la peine. Son ami lui en voudra sur le moment, néanmoins après il lui pardonnera. Si bien sûr, il revient de sa petite aventure.

Une fois sorti de la ville, l’ado commence à faire du stop. Après quinze minutes, un homme du même âge que son père s’arrête et l’amène aussi près que possible des dessins.

Son rythme cardiaque s’accélère, son pressentiment grandit et l’étouffe au fur et à mesure qu’il se rapproche. Comme dans son rêve, Miguel se laisse guider, impossible pour lui de faire marche arrière. Les chercheurs sont tout autour, le jeune a peur et voudrait se sauver en courant, mais ses jambes ne l’écoutent plus. Il se rapproche de plus en plus de ces hommes, étrangement aucun d’eux ne fait attention à lui. L’adolescent s’immobilise juste devant les petites roches de volcan qui forment les dessins de Nazca. Ses yeux lui brûlent, il les frotte avec ses deux mains et lorsqu’il les rouvre, Miguel se retrouve en pleine nuit.

En observant autour de lui, il ne discerne plus aucun chercheur. En levant les yeux, il se rend compte qu’il n’y a pas d’étoile dans le ciel et qu’une éclipse totale masque le soleil. Son cœur tambourine dans sa jeune poitrine avec un rythme déchaîné. Une force invisible le pousse à poser sa main sur ces petits rochers, c’est la première fois de sa vie qu’il peut les toucher. L’adolescent est partagé entre l’excitation et la terreur lorsque soudain, les petites roches s’illuminent d’un bleu aveuglant formant le dessin d’un sphinx. Miguel a l’impression encore de rêver jusqu’à ce qu’il ressente la chaleur traverser sa main puis sa poitrine et enfin tout le reste de son corps. Il balance sa tête brusquement en arrière et ouvre la bouche pour essayer de faire ressortir cette lumière qui l’irradie entièrement, seulement à la place, Miguel se sent connecté à quelque chose ou plutôt à quelqu’un.



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Berwick St James (Angleterre), le 4 août à 7 heures.


Jane se lève sans faire de bruit afin que son mari ne l’empêche pas de se rendre à Stonehenge. Au moment où elle ouvre la porte de la chambre, son époux se réveille.

-Déjà réveillé ?

-Oui, j’ai fait encore le même rêve.

Son homme gonfle les joues en soufflant.

-Tu recommences avec ça ?

-Désolé, ce n’est pas moi qui décide de mes rêves.

L’homme se lève aussi et ils se dirigent tous les deux vers la cuisine pour se préparer leur petit-déjeuner.

-Je sais très bien que tu ne choisis pas tes rêves, commence-t-il, seulement y penser toute la journée, ne t’aides pas.

-Une fois que je serai sur place, je pourrai t’en parler un peu plus, mais je dois m’y rendre pour savoir.

-Pour savoir quoi ?

-Pourquoi j’ai ce pressentiment, pourquoi il me ronge depuis deux jours. Je n’arrive même pas à savoir si c’est un bon ou un mauvais.

-Alors raison de plus que tu ne t’y rendes pas, la supplie-t-il.

-Si, c’est important, je le sens au fond de moi, il va se passer quelque chose de crucial.

-Tu me fais peur, ma princesse.

-J’aurai mes réponses une fois à Stonehenge.

Le petit-déjeuner vite avalé, Jane se prépare pour aller à Stonehenge. Son mari continue d’essayer de lui faire changer d’avis, sans succès. Il finit par appeler ses beaux-parents, espérant qu’ils puissent la raisonner. Après une longue conversation avec ses parents et son mari, celle-ci les fait taire en claquant la porte d’entrée.

Elle prend la voiture et se dirige enfin vers Stonehenge. Dix minutes la séparent de ce lieu, son pressentiment augmente au fur et à mesure des kilomètres avalés par la voiture. Lorsqu’elle se gare, ses pulsations s’accélèrent et une sensation d’étouffement se fait ressentir. La jeune femme prend un moment pour elle dans la voiture, pour essayer de calmer ses battements de cœur et sa respiration. Lorsque son téléphone se met à sonner, celle-ci sursaute et pousse un petit cri de stupeur en mettant ses deux mains sur la poitrine. Les touristes se retournent vers elle en ricanant. Il y a un monde fou, Jane se dit qu’au moins si elle ne se sent pas bien, il y aura du monde pour lui venir en aide, ce qui la rassure instantanément. La future maman envoie un message à son mari qui la harcèle de texto depuis son départ et décide d’éteindre son téléphone.

Jane prend une grande bouffée d’oxygène et sort de sa voiture. Ses jambes tremblent, par instinct elle maintient son ventre comme pour protéger sa future fille. Une fois devant les pierres son pressentiment se fait encore plus intense, elle respire avec beaucoup de difficulté et observe cet édifice comme pour la première fois. Quelque chose est différent comme si Jane regardait avec des yeux d’une autre personne. Son cœur s’accélère encore plus, pris de panique, elle souhaite faire demi-tour, seulement ça lui est impossible, ses jambes ne répondent plus, on a pris possession de son corps. La jeune femme essaie de crier aux touristes qui sont autour d’elle, mais même ça, cela lui est impossible.

D’un coup elle s’immobilise devant une pierre bleue, ses yeux se mettent à brûler, Jane se les frotte avec ses deux mains et lorsqu’elle les rouvre, il fait nuit. Elle tourne sur elle-même et se rend compte qu’il n’y a plus âme qui vive.

-Il y a quelqu’un ? ose-t-elle dire dans un murmure à peine perceptible.

Bien entendu, il n’y a aucune réponse, celle-ci regarde le ciel et se rend compte de l’éclipse qui se trouve au-dessus de sa tête. Elle ferme vite les yeux pour ne pas en souffrir et soudain une force invisible pousse sa main en la posant sur la pierre. Une énorme lumière bleutée se met à entourer le rocher qui se transforme dans un bruit assourdissant en forme de sphinx, la lueur est tellement forte qu’elle l’aveugle. Lorsqu’elle ressent subitement une chaleur dans sa main qui se propage dans sa poitrine puis dans tout son corps. La lumière pénètre dans tout son être, elle bascule la tête violemment en arrière et ouvre la bouche comme pour réussir à faire sortir cette énergie bien trop puissante pour elle. Cependant à la place, Jane se sent connectée avec quelque chose ou plutôt quelqu’un.



****



Égypte, Nazca, Stonehenge, le 4 août à 9 heures.


-Qu’est-ce qui se passe ? demande Éric d’une voix paniquée.

-Qui êtes-vous ? répond Jane.

-Je... Je suis Éric et vous ?

-Moi, c’est Jane.

-Et moi, c’est Miguel, mais c’est quoi ce bordel ?

-Je ne sais pas du tout, rajoute Jane angoissée.

-Où êtes-vous ? Demande Miguel hésitant.

-Je suis en Égypte, enfin je crois, je viens de toucher le sphinx et subitement, je suis dans le noir le plus total.

-Moi, je suis à Stonehenge et il m’est arrivé la même chose qu’à Éric et toi ?

-Comme vous, mais je suis à Nazca, j’ai vu une lumière bleue et le noir.

-Je suis en train de rêver encore, je ne vois que ça ! s’affole Éric.

-Non, vous ne rêvez pas, vous vous trouvez dans un espace hors du temps. Vous avez été choisis.

La voix qui vient de se manifester à leurs oreilles est légère et différente d’une voix humaine.

-Qui êtes-vous ? demande Miguel apeuré.

-Nous sommes les créateurs des endroits où vous vous tenez actuellement.

-Vous vous trouvez à quel endroit ? Questionne Éric d’une voix hésitante.

-Nous ne sommes pas de votre planète, on vous a choisis pour que vous deveniez les guides des élus.

-Vous vous foutez de nous, c’est une caméra cachée, c’est ça ? s’emporte Jane d’une voix presque hystérique.

-Non, c’est nous qui avions créé ces rêves pour vous faire venir jusqu’aux endroits où vous vous trouvez.

-Faisons comme si on vous croyait, pourquoi avoir fait ça ? demande Miguel beaucoup plus calme que les deux autres guides.

-Vous arrivez bientôt à la fin d’un cycle sur votre planète, une étape se prépare quelque chose qui tuera toute l’humanité.

-Vous insinuez une fin du monde ?

-Non, Éric, une nouvelle terre se formera, des séismes énormes arriveront sur toute la planète. Elle va se reformer différemment et aucun humain ne survivra à ça.

Un silence s’installe pendant de longues secondes après cette horrible nouvelle. C’est Jane qui finit par le briser :

-Quand ?

-Dans trente ans. Vous avez été choisis pour empêcher la fin de l’humanité.

-Comment, en prévenant l’humain, mais personne ne nous croira ?

-Non, Miguel, on a une autre mission pour vous. Vous devrez prévenir quarante-quatre personnes durant ces trente ans en leur soufflant l’endroit où ils devront se trouver le 1er juin 2050 à dix-huit heures seize minutes précises.

Éric explose de rire.

-Bien sûr et ces personnes vont nous croire et faire ce qu’on leur dit, ajoute-il d’un ton narquois.

-Oui, bien entendu, comme vous, vous nous avez écoutés.

Les rires d’Éric cessent tout de suite.

-Comment les choisir, qui nous dira qu’ils sont les bonnes personnes pour recréer l’humanité ?

-C’est très simple Jane, une lumière bleue que vous seuls pourrez voir, les entourera. À ce moment-là, il vous suffira de leur passer le message de l’endroit et de l’heure où ils devront se trouver dans trente ans. Ça sera vingt-deux hommes et le même nombre pour les femmes.

-Et où se trouveront ces endroits ?

-En tout il y a vingt-un endroits qui seront repartis à vous trois, donc sept chacun. Pour toi Miguel ça sera : Paracas, Nazca, Ollantay tambo, Machu Picchu, Cuzco, Sacsay Huaman, Paratoari. Éric : Pays dogon, Tassili N’Ajjer, Siwa, Gizeh, Pétra, Ur, Persépolis. Et pour toi, Jane : Mohenjo Daro, Khajuraho, Pyay, Sukhothai, Angkor Vai, Preah Vihear et l’île de pâques.

-Ce ne sont que des édifices ! s’exclame-t-elle.

-Oui, Jane, ce sont les hommes qui les ont construits, sous notre commandement.

-Et pourquoi Stonehenge ne se trouve pas dans votre liste ? demande Éric sous l’étonnement des deux autres qu’il n’avait pas remarqué.

-Parce que cet endroit est pour vous trois. Vous devrez vous y rendre à la même date que les élus pour offrir votre énergie vitale.

-Attendez, ça veut dire quoi ?

-Ça veut dire que nous devons sauver des inconnus en nous sacrifiant, petit, répond Jane assez énervée.

-Pourquoi devons-nous mourir ? demande Éric.

-Vous êtes les guides ou les messagers des élus et votre énergie est spéciale, elle saura nous guider jusqu’à vous.

-Mais vous êtes déjà venus, vous savez venir jusqu’à nous, insiste Éric

-Non, à aucun moment je vous ai parlé de notre venue sur terre. À chaque fois, nous avons pu discuter avec les humains de la même manière que je le fais avec vous maintenant. Nous avons besoin de votre énergie afin de sauver ces quarante-quatre personnes dans trente ans.

-Pourquoi, nous ? interroge Miguel

-Vous êtes spéciaux tous les trois. Vous vivez sous le nombre d’or (1,618) depuis deux ans. Le destin vous a choisis, le jour de votre mort à tous les trois. Jane, Miguel, Éric, vous êtes morts le 1er juin 2018 (1/6/18) à seize heures et dix-huit minutes pendant une minute, six secondes et dix-huit microsecondes. (16H18 – 1mn, 6s, 18ms).

Aucun des trois n’arrive à répondre à cette soudaine révélation, choqués par cette voix qu’elle connaît leur vie. Bien que cet être venu d’un autre monde vienne de leur expliquer pourquoi ils ont été choisis, ils se posent tous la même question, pourquoi moi ?


Éric qui a toujours rêvé de trouver un Nouveau Monde avec des êtres vivants est enfin servi, cependant celui-ci n’aurait jamais pu imaginer qu’on lui demande de se sacrifier afin de sauver l’humanité d’une catastrophe avec une ampleur jamais connue par l’homme.


Miguel qui ne se sentait pas comme les autres, mais comme un enfant avec des rêves comme celui d’avoir des pouvoirs et d’aider ses semblables. L’adolescent ne se doutait pas qu’il aurait l’occasion de le faire, seulement pour cela il doit se sacrifier.


Quant à Jane, elle qui rêvait de voyager, de découvrir les édifices et faire une découverte qui changerait complètement la vision des humains sur des êtres supérieurs qui aurait aidé nos ancêtres à les construire. La jeune femme ne s’attendait pas à avoir enfin la réponse et à pouvoir modifier la vision des choses, seulement, pour cela elle doit perdre la vie.


-Vous êtes les seuls à pouvoir sauver votre espèce. Nous avons besoin de vos réponses pour aussi donner notre énergie pour que vous réussissiez votre mission.

-Je ne veux pas y croire, c’est du n’importe quoi, rien ne nous prouve que c’est vrai ! rajoute Jane méfiante.

-C’est vrai que ça paraît dingue, confirme Éric.

-Les scientifiques l’auraient sans doute remarqué si c’était vrai, renchérit Miguel.

-Très bien vous ne me laissez pas le choix, je vais vous faire vivre ce qui va se passer dans trente ans. Je m’excuse d’avance pour la souffrance que vous allez endurer.

D’un coup, les trois sont projetés trente ans plus tard. C’est une journée comme les autres même si les informations sont de plus en plus chaotiques, entre les tornades, les séismes, les feux de forêts, etc. Rien ne pouvait les préparer au pire jour de leur vie. Chacun dans leur pays, certains à dormir, d’autre à travailler ou en vacances. Soudain, un bruit surgit dans les entrailles de la terre et se fait entendre dans le monde entier, un rugissement comme jamais personne n’a entendu. Puis la terre se met à trembler, à bouger, à se fissurer. La panique, les cris. Les immeubles et les ponts s’effondrent. Rien ne résiste à ce chaos, la poussière envahit toutes les rues, impossible à voir à plus d’un mètre. Des incendies déclenchent des explosions assourdissantes dans tous les alentours, les sirènes des pompiers, de la police se font entendre dans tous les sens. Jane se voit mourir brûlée avec son mari et sa fille dans leur magnifique appartement, pris au piège. Éric, coincé dans les embouteillages est surpris par une énorme crevasse et ce fait engloutir avec sa voiture. Miguel, quant à lui, n’a même pas pu réagir, la maison s’est effondrée sur ses parents en premier et puis sur lui les tuant sur le coup.

Ils reviennent dans le présent, le souffle court et horrifiés par ce qui vienne de vivre.

-Je vous ai prévenus que ça allez être dur, mais peut-être que maintenant vous me croyez.

-Pour moi, c’est oui, je serai là le 1er juin 2050 à Stonehenge, je n’ai pas fait grand-chose de ma vie pour changer ce monde, alors c’est avec grand plaisir d’offrir ma vie pour triompher d’une telle mission de plus la mort que je viens de voir est terrifiante. Alors quitte à choisir, je préfère mourir en sauvant des gens que seul dans un trou.

-Un grand merci à toi, Éric. Tu recevras dans ton esprit les sept endroits et la vision pour repérer les élus dans le monde entier.

-J’accepte aussi, je serai encore jeune dans trente ans, mais je ne veux pas revoir la perte des miens quand le monde s’effondrera, répond Miguel d’une voix tremblante encore sous le choque de la vision.

-Merci infiniment, Miguel. Tu recevras la même chose qu’Éric.

-Je ne sais pas, ma fille n’aura que trente ans, je serai privée d’elle pour sauver des inconnus !

-Et si nous te disons que ta fille fera partie des élus. Souviens-toi de cette lumière bleue que tu avais aperçue dans tes yeux, pourras-tu sauver ta fille d’une mort horrible et d’une extinction ?

-Bien entendu, même si elle n’est pas encore née, je pourrai donner ma vie pour elle. Alors oui, j’accepte aussi, je n’y arriverai pas à revoir ma fille souffrir comme je viens de l’apercevoir, accepte-elle toujours apeurée de ce qu’elle à vue.

-Je vous remercie tous les trois, une étoile sera destinée pour vous et l’humanité se construira sur trois nouveaux dieux, Éric, Miguel et Jane. Je vous libère en vous souhaitant bon courage pour votre mission.


Ils n’ont même pas le temps de répondre qu’ils se retrouvent tous les trois devant leur édifice, le soleil rayonne et une seule minute s’est écoulée depuis leur rencontre avec un être supérieur.

Sans faire attention à ce qui les entoure, ils rentrent chacun à leur domicile avec la carte gravée dans leur esprit et l’unique espoir de sauver l’humanité. Leurs proches ont demandé des explications, comme seule et unique réponse ils ont eu le droit à : « profite tous les jours de la vie ». Étrangement leurs proches n’ont pas cherché en savoir plus, cependant ils ont remarqué que quelque chose clochait dans leurs regards, une lumière s’est effacée, l’éclat de la vie.


Qui aurait pu croire que la fin du monde arriverait aussi vite et que les seules personnes capables de sauver l’humanité étaient de simples humains insignifiants qui vivaient une vie normale et banal ? Cependant leur rêve était le même, découvrir une autre vie ailleurs. Leurs souhaits ont été exaucés, mais ils ont dû sacrifier leur petite vie pour quarante-quatre inconnus.

Comme promis, ils sont devenus des dieux aux yeux de la nouvelle humanité.





FIN !




ps: désolée pour cette mise en page horrible, malheureusement, ce blog ne m'a pas laissé le choix.