Nouvelle Horreur

L’ENFER DES SŒURS


Chapitre 1 : Karice



-Lina, réveille-toi ! C’est l’heure !

J’ouvre un œil, ma petite sœur me secoue avec acharnement.

-Oui, c’est bon, lâche-moi ! Je vais me lever.

-Tu parles mal, tu es méchante, je le dirai à maman.

-Non, Karice, excuse-moi, j’ai étudié tard hier, je suis fatiguée.

-Tu dois me préparer mon petit-déjeuner.

-Oui, va dans la cuisine, j’arrive.

-Tu ne peux pas te débrouiller un peu toute seule, tu n’es plus un bébé.

-Cloé, ne commence pas !

-Non, maman ne veut pas que je fais toute seule.

-Tu ne peux faire attention à ta façon de parler aussi !

-Cloé, fiche-lui la paix ! Allez dans la cuisine, j’arrive.

Mes deux petites sœurs prennent la direction de la cuisine en se disputant. Je m’assois sur mon lit en me frottant le visage. Tous les matins, c’est la même chose, elles me rendent dingue. Je me demande vraiment comment ma mère ferait sans moi. Son travail d’infirmière lui prend tout son temps et ne peut plus s’occuper de nous. Du coup, c’est moi, l’aînée qui dois m’occuper de mes deux sœurs. Avec Cloé, on n'a qu'un an de différence, mais elle n’est pas du tout mature et préfère s’amuser que penser à son avenir. Et pour Karice, c’est plus compliqué.

Il y a deux ans, on a eu un accident de voiture toutes les quatre, ma mère s’était endormie au volant à cause de ses nombreuses heures de travail. Nous nous sommes toutes sorties indemne sauf, Karice, qui a pris un gros choc à la tête et depuis ce jour-là, elle a gardé des séquelles. Elle a un retard mental énorme, elle a seize ans, mais dans sa tête, elle en a six. J’ai toujours essayé d’avoir de la patience avec elle, mais par moments, c’est difficile. Quant à Cloé, elle ne la supporte plus du tout et elle est assez cruelle avec elle.


Une fois habillée d’un jean bleu et un petit chemisier noir, je les rejoins en m’attachant mes cheveux blonds.

-Cloé, elle est très méchante, elle m’a tapée.

-Cloé, soupiré-je.

-Je ne lui ai rien fait, ça va ! Je lui ai juste mis une petite tape sur la tête.

-Cloé, combien de fois je vais te dire d’arrêter de l’embêter ?

-Oh, c’est bon, tu n’es pas ma mère ! Je me barre au lycée, vous m’avez saoulée !

-Tu ne m’attends pas ?

-Pour marcher encore avec la triso ! Non merci.

-Cloé, arrête ça !

-Quoi, c’est vrai ! Je perds tous mes amis à cause d’elle.

-C’est que ce n’est pas des copines.

-Je ne t’ai rien demandé, Karice !

Elle claque la porte violemment, ce qui fait sursauter Karice.

-Ce n’est rien. Tiens, mange !

-Merci, Lina.

Je lui fais un geste de la main, fatiguée de tout ça.

Cette année, je passe mon bac S, les devoirs et les révisions sont épuisants, et mes sœurs n'arrangent rien.

-Karice, arrête de jouer avec tes céréales et mange, on va être en retard.

-Si on est en retard, c’est de ta faute.

-Merde, Karice ! Je pense que Cloé n’a pas tout à fait tort en te disant que tu peux apprendre à te débrouiller toute seule parfois !

Elle jette sa cuillère dans son bol, ce qui fait éclabousser son lait sur la table.

-Toi aussi, tu es méchante avec moi !

-Non, mais je suis fatiguée, tu peux le comprendre, ça !

-NON ! NON ! Et NON !

Elle me fonce dessus avec sa cuillère dans sa main. Je recule jusqu’à ce que je me cogne contre le comptoir de la cuisine. Elle soulève sa main avec la cuillère qu’elle tient fermement tournée du côté du manche, prête à me taper avec. Sa menace s’immobilise juste devant mon œil droit, ce qui me fait loucher. Son regard est cruel et perçant, son sourire est presque démoniaque. Bien que ça soit ma petite sœur, elle me dépasse d’une tête et elle est beaucoup plus forte que moi. À ses côtés, je ressemble à une brindille qu’elle est prête à briser.

-Karice, calme-toi. Je suis désolée si je t’ai blessée.

Ma voix vibre de frayeur. Elle n’est pas consciente du bien et du mal, ce qui me terrorise à chaque fois.


Chapitre 2 : Le début de l'enfer




-Mes chéries ! Je suis rentrée !

-Maman !

Karice court vers elle et m’oublie instantanément à mon grand soulagement. Je suis ma sœur devant la porte d’entrée, Karice est en train de l’embrasser. Je peux voir encore aujourd'hui dans les yeux de ma mère sa culpabilité envers ma soeur.

-Maman, il faut qu’on discute.

-Tu as vu l’heure ? Tu vas être en retard, amène Karice dans sa classe spécialisée et va vite à tes cours.

Karice part en courant chercher son sac d’école, j’en profite pour lui parler.

-Maman, Karice devient de plus en plus violente, elle me fait peur.

-Elle t’a fait du mal ?

-Non, mais je vois dans ses yeux qu’elle en est capable.

-Ma chérie, je suis exténuée, on en reparlera plus tard.

Je souffle désespérée, Karice revient avec son sac.

-Au revoir, maman.

-Travail bien, Karice.

Elle part devant le porche et m’attend.

-À plus tard, maman.

-Merci ma chérie, pour tout, à ce soir.

Je prends la main de Karice et nous prenons la direction de l’école. Je la dépose au bâtiment collé à mon lycée.

-Maman a dit que tu dois me déposer dans ma classe.

-Tu sais y aller toute seule, je vais être en retard.

-Mais maman, elle a dit…

-D’accord, d’accord, c’est bon, je t’amène.

Je déteste rentrer dans son école, tous les enfants ont des problèmes psychologiques et leurs regards parfois sont malsains et agressifs.

-À plus tard Karice, je viens te chercher à dix-sept heures.

-Oui, à tout à l’heure.

J’entends la sonnerie de mon lycée, je me précipite vers ma classe. J’arrive tout juste à ma place, essoufflée de ma course. J’ai de plus en plus de difficulté à suivre mes cours, qu’on ressent malheureusement sur mes notes. Mes professeurs ont essayé de m’aider en prévenant ma mère, mais elle n’a pas pu se déplacer pour venir à leur rencontre. Je dois me débrouiller toute seule, même si les professeurs ont de la peine pour moi, ils ne peuvent pas ralentir leurs leçons.

Après deux heures de cours de français, je pars aux toilettes et profite de la pause pour réviser mes cours. c'est l'endroit parfait, c'est souvent très calme. Je ferme la porte et m’installe sur la cuvette puis ouvre mon livre de science. Quand soudain j'entends des voix.

-Tu as vu les deux nouveaux surveillants ? Ils sont très étranges.

-Oui, ils nous fixent comme de la viande fraîche, c’est répugnant. Comment ils ont fait pour être admis en tant que pion avec la tête de fou qu’ils ont ?

-Cloé ! interpellé-je, surprise.

-Lina ? Mais qu’est-ce que tu fous avec tes cahiers dans les toilettes ?

-Je révise, quelque chose que tu ne connais pas !

-C’est sûr, chez moi le talent est inné, pas besoin de réviser.

Elle se met à ricaner avec sa copine. Même si elle paraît assez vaniteuse, elle peut se le permettre. C’est vrai qu’elle est douée en tout sauf, en sport. Elle est très populaire dans le lycée. Elle est aussi plus grande que moi et très fine, des cheveux blonds ondulés jusqu’au creux de ses hanches. On pourrait penser qu’on se ressemble beaucoup, mais pas du tout. Elle fait très attention à elle, toujours bien coiffée et se maquille pour faire ressortir encore plus la couleur bleue de ses yeux. C'est ça la différence entre elle et moi, c’est compliqué de faire attention à ma personne tout en m’occupant de tout à la maison, en plus de ma petite sœur.

Je lève les yeux au ciel et ne rentre pas dans sa provocation.

-On a de nouveaux surveillants ?

-Excuse-moi, mais on ne te parlait pas. Alors va chercher des amis ailleurs, répond sa copine avec une voix stridente.

Elles se remettent à rire ensemble et sortent des toilettes.

Je baisse les yeux, attristée par leur méchanceté. Je n’avais pas le temps de me faire des amis depuis l’accident. Déjà avant cette époque-là, j’étais assez solitaire dû à mon père qui nous avait abandonnées quand Karice n’avait que trois ans. Je n’avais plus confiance aux gens, mais j’avais réussi à me faire deux bonnes copines qui m’ont lâchée petit à petit, faute de mon manque d’intéressement à leur égard.


La sonnerie sonne déjà, je ferme mes cahiers puis mets tout dans mon sac et sors des toilettes. Au moment, où je pousse le battant de la porte, un homme se trouve juste derrière, ce qui me surprend. Il m’observe d’un air très étrange de ses pupilles sombre. Il est très grand et assez mince, ses cheveux noirs corbeau sont plaqués en arrière avec du gel.

-Dépêche-toi, d’aller en cours !

Sa voix est rapide avec aucune articulation.

-Oui, Monsieur.

Je m’élance à pas rapide, je le fixe une dernière fois avant de tourner dans le couloir. Il me fait un coucou avec sa main droite en penchant sa tête sur le côté avec un sourire pervers. Ça devait être un des surveillants dont ma sœur parlait avec sa copine et pour une fois, elle n’avait pas exagéré sur leur apparence.


Après deux heures de math, c’est l’heure de la cantine. En général, je mange seule dans mon coin, mais cette fois-ci ça ne se passe pas comme d'habitude. Je prends mon plateau en me dirigeant vers une table, quand un surveillant me bouscule brutalement. Mon plateau tombe avec fracas, mon assiette et mon verre se cassent en petits morceaux puis en voulant me rattraper, je pose ma main sur les éclats de verre, ce qui m’entaillent. Il n’y a plus un bruit dans le self, ils me dévisagent tous, dont ma sœur qui se trouve avec toutes ses copines. Le surveillant me relève d’une main en empoignant agressivement mon bras.


-Tu ne peux pas regarder ou tu vas ?


Je ne l’ai jamais vu auparavant, ça devait être le deuxième surveillant. Un homme avec une énorme corpulence, il me fait penser à un ours. Pas un cheveu sur la tête, des sourcils épais et noirs.


-Je suis désolée, je ne vous ai pas vu.


Ce qui me paraissait bizarre sur le moment, c’est qu’il est impossible à louper. J’en viens à me demander, s’il ne l'avait pas fait exprès de me bousculer.


-Va voir l’infirmière, tu saignes.


-Non, ce n’est rien.


Sans même regarder ma main. J’ai la phobie du sang, il suffit d’une goutte pour me faire rentrer dans une panique et que je fasse une crise de tétanie.


Il m’attrape sèchement ma main et me la met devant mes yeux.


-Si, regarde !


À peine mes yeux se posent sur ma main que je prends conscience du sang et je commence à avoir des difficultés à respirer. Ma sœur se lève et se dirige vers moi.


-Je vais l’accompagner.


-Merci, Cloé.


Lui dis-je, entre deux respirations haletantes.


-Ce n’est pas pour toi que je fais ça, mais pour moi, j’ai vraiment une famille de dingue.


Nous partons toutes les deux, elle me maintient fermement autour de ma taille au cas où que mes jambes me lâcheraient.


Quand on arrive devant l’infirmerie, la porte est fermée. Ma sœur me dépose sur une chaise tout en râlant.


-Je ne vais pas rester ici des heures !


Elle tourne en rond pendant trente minutes, tandis que moi, j’essaie de me concentrer sur ma respiration et calmer mes vertiges.


-Bon, écoute reste ici, je vais me renseigner ou elle est, cette crétine d’infirmière.


-D’accord.


Elle hésite et fini part s’en aller. Au bout d’une heure sans nouvelle, ni de l’infirmière, ni de ma sœur, je me lève avec précaution et essai de rejoindre le couloir pour aller trouver un surveillant.

Quand soudainement, on me saisit par-derrière en me mettant une main sur ma bouche et mon nez. J’ai des difficultés à respirer, il me traîne rapidement, mes yeux sont exorbités de peur. J’entends sa forte respiration au creux de mon oreille. Nous arrivons devant un mur et il me pousse violemment dessus, ma tête tape brutalement le placo, ce qui me sonne légèrement. Le mur s’ouvre sur une ouverture sombre, il me repousse et je tombe à quatre pattes au sol. Il me donne un gros coup de pied dans le ventre.



Chapitre 3: Torture




-Rentre !


J’obéis sans réfléchir, son coup m’a coupée la respiration, ce qui me fait tousser, mes larmes coulent de douleur et de peur. Je tâtonne le sol humide et froid jusqu’à ce que mes yeux s’habituent doucement à l’obscurité. J’observe autour moi et j’aperçois Cloé assise à même le sol, la tête entre ses jambes.


-Cloé ?


-Lina ?


Le mur se referme derrière moi, je me précipite vers Cloé.


-Où on est et qui est-il ?


-Je ne sais pas Lina, quand je suis partie chercher l’infirmière, il m’a attaquée par-derrière, je n’ai pas vu son visage.


Elle se met à sangloter, je la prends dans les bras en essayant de la rassurer.


-Ça va aller, c’est peut-être une mauvaise blague.


-Mais tu es complètement à l’ouest Lina, on s’est fait kidnapper !


Je me lève pour regarder s’il n’y a pas un moyen de sortir d’ici.


-J’ai déjà regardé, il n’y a aucune sortie à part celle où on est entrée.


Je retourne m’asseoir à ses côtés en cherchant une solution, mais la peur m’empêche de réfléchir correctement et l’odeur de renfermée me fait comprendre que personne doit venir dans cette pièce.


-Ils verront bien notre disparition, ils nous chercheront.


-Je ne pense pas, non !


-Mais si, pourquoi tu dis ça ?


-Tout simplement, ils vont penser qu’on est rentrée chez nous, dû à ta crise.


Ce qu’elle vient de me faire réaliser me fait encore plus paniquer.


-Ton portable tu l’as ?


-Non, je l’ai oublié en partant ce matin et toi si tu en avais un, il nous aurait bien aidées.


-Cloé, tu crois que c’est le moment des reproches.


Les heures passent sans qu’on entende le moindre bruit, à part les sonneries qui nous indiquaient la dernière heure de cours qui se terminait. Je tape comme une dingue sur le faux mur en hurlant à l’aide, je m’arrête que quand je n’ai plus de voix, notre angoisse s’intensifie à mesure que les heures passent.


vingt minutes après, le mur s’ouvre, nous nous blottissons l’une contre l’autre en plissant des yeux. La lumière du couloir nous empêche de voir notre agresseur. On m’attrape le bras et me soulève, puis on me propulse contre le mur. Mon dos tape en écrasant mes os, le choque me coupe le souffle. Le mur se referme et une lumière s’allume pour éclairer la pièce où on se trouve. Ils sont deux à faire face à nous, ils portent des masques de zombi pour cacher leurs visages. Le plus costaud des deux attrape ma sœur qui se met à hurler.


-Lâchez ma sœur !


Il lui donne une gifle, ce qui fait taire ses cris.


-Parle encore et je la frappe encore.


Mon cœur s’affole, mes larmes n’arrêtent pas de couler. Mais que nous veulent-ils ?


Il couche Cloé qui est à moitié sonnée sur un établi, que va-t-il lui faire ?


Je ne la quitte pas des yeux, l’autre homme ouvre un tiroir et prend un couteau.


-Non arrêtez, dites-moi ce que vous voulez, mais ne lui faites pas de mal.


-Tu n’as pas compris la première règle !


Dit le plus mince des deux avec une voix calme et enjouée.


Le costaud met un énorme coup de poing à Cloé, j’entends son nez se briser et le sang gicler.


Je ferme les yeux, ma panique me revient et ma crise aussi.


-Oh non ! Tu ne vas pas t’évanouir, ça serait trop simple.


Menace l’homme le plus mince. Il se rapproche de moi et me fait respirer un espèce de tube avec de la fumée, ce qui calme tout de suite ma crise, mais ce qui me met dans un état confus. Je vois trouble, je force sur mes yeux pour réussir à voir si ma sœur va bien.


L’homme mince me maintient debout et me rapproche de ma sœur. Elle respire par la bouche, son nez est complètement écrasé, je me mets à pleurer et à gémir.


-Chuuut, tu ne voudrais pas que ta sœur se prenne encore un mauvais coup par ta faute ?


Je mets mes mains tremblantes devant ma bouche pour retenir le moindre son. L’homme costaud reprend le coteau et commence à faire glisser la lame sur le visage de Cloé jusqu’à son cou puis sur sa poitrine. La substance qui m’a fait respirer m’empêche d’avoir l’esprit clair et me demande si je ne suis pas en plein cauchemar.


Il continue à descendre le couteau jusqu’à sa ceinture et d’un coup sec, il tranche son débardeur et la lame entaille légèrement sa gorge, une goutte de sang suit le long de son collier. Il poursuit en coupant la ceinture et redescend le long de sa jambe en lui enfonçant par moments la lame dans sa chaire. Elle se retrouve en sous-vêtement. L’homme à la forte corpulence range son couteau dans sa poche arrière de son jean et balance Cloé au sol. Elle ne bouge plus du tout, je me penche par réflexe, mais l’homme mince écrase mes joues avec sa main, je sens ses doigts et mes joues intérieurs s’enfoncer contre mes dents. Je perçois un goût de fer dans ma bouche, ce qui me provoque un écœurement.


-À ton tour ! Tu as de la chance, ta sœur ne peut plus rien dire.


Il me pousse sur l’établi, le costaud m’allonge et la même scène se reproduit. Je ressens qu’ils prennent un réel plaisir à chaque fois que la lame entaille ma chaire. Mes habits sont jetés en lambeau par terre puis avec mépris, il me balance au côté de ma sœur. Le sol est gelé, je rampe jusqu’à elle, la retourne et allonge sa tête sur mes genoux. Les hommes finissent par nous laisser seules.


-Cloé, Cloé ?


Elle ne réagit pas, je n’arrête pas de pleurer et de me demander pourquoi nous ?


-Lina ?


Enfin, au bout de dix minutes, ma sœur reprenait conscience.


-Cloé, comment tu vas ?


-J’ai mal.


Elle essaie de se toucher le nez pour comprendre d’où venait la douleur, je l’en empêche en lui serrant fortement sa main.


-Non, tu as le nez cassé.


-Il faut que tu nous sortes d’ici, Lina.


-Oui, mais comment ?


Le mur se reouvre.


-Chut, surtout ne parle pas, Cloé.


Lui chuchoté-je


Les deux hommes rentrent et m’attrapent sauvagement, Cloé essaye de m’agripper, mais on lui donne une baffe. Puis il m’assied sur une chaise en m’attachant les poignés sur les accoudoirs avec des cordes en serrant au point de me couper la circulation du sang. Je les fixe avec peur en me demandant ce qu’ils vont me faire.


-Vous avez été méchante toutes les deux.


-On n’a rien fait !


Réponds Cloé, je la regarde avec des yeux de frayeur en lui secouant la tête de droite à gauche pour lui dire non.


-Ta sœur ne t’a pas prévenue de ne pas parler !


Lui répond le mince avec un enthousiasme déconcertant.


Le costaud se retourne face à moi et me donne un énorme coup de poing à l’œil gauche, la douleur me fait crier. Je sens mon œil tambouriné à chaque battement de mon cœur. Le mince attrape une pince dans le même tiroir que le couteau et la donne à son compagnon. Je vois la pince se diriger vers mes doigts. Je ferme les yeux en gémissant, j’entends ma sœur pleurer. Il attrape mon ongle de mon pouce et commence à tirer doucement dessus. Je serre les dents en hurlant de douleur et d’un coup sec il me l’arrache. La souffrance est terrible et insupportable, j’accroche l’autre accoudoir de mon autre main, mes pieds se tordent de douleur, tout mon corps est tendu. Mais pourquoi il ne nous tue pas tout simplement ? Il attrape l’ongle de mon index et le tire de droite à gauche peu à peu. Je hurle tellement, que je n’ai plus de voix et que mes cris deviennent de moins en moins perceptibles. Une envie de vomir me prend soudainement, ma sœur est sur ses genoux, les mains appuyées sur le sol. Ses yeux lui sortent de ses orbites en gémissant. Quand il passe au troisième ongle, je supplie au fond de moi qu’il s’arrête. Au moment où il tire, je m’évanouis de douleur.


Quand je me réveille, je suis au côté de ma sœur qui est toujours en pleure.


-Cloé, calme-toi.


-Lina, c’est horrible comment me calmer, ils vont nous torturer jusqu’à ce qu’on en crève. Pourquoi ils nous infligent ça ?


Je regarde mes ongles et constate qu’ils se sont arrêtés au moment que j’ai perdu connaissance. En plus qu’ils nous torturent, ils veulent qu’on soit consciente pour être sûrs qu’on vive toutes les souffrances qu’ils nous font endurer. Mais combien de temps pourrons-nous subir tout ça avant qu’on en succombe ?



Chapitre 4: La déception



Le mur se reouvre, mais cette fois-ci, au lieu des deux hommes, on voit notre petite sœur Karice. L’ont-ils eu aussi ? Non, s’il vous plaît, pas elle ! Je ne peux plus accepter ça ! Cependant quelque chose cloche, elle rentre toute seule et nous regarde avec un sourire.


-Karice, aide-nous.


-Pourquoi vous êtes méchante avec moi ?


-Ne me dis pas que tout ça vient de toi ?

Cria, Cloé.


-Ce sont mes amis, ils sont gentils eux avec moi.


Comment elle a pu trouver des hommes aussi sadiques et comment elle peut nous faire ça à nous, ses sœurs !


-Karice, on a compris la leçon, laisse-nous partir, maintenant.


-Non, ce n’est que le début de mon jeu.


-Mais de quel jeu tu parles ?


Elle part en nous laissant seules.


-Elle est complètement folle !


Étrangement, je n’avais plus peur, mais j’étais en colère, il fallait qu’on sorte d’ici. Je me lève et cherche dans le tiroir où ils avaient pris le couteau et la pince, cependant bien entendu, il n’y a plus rien d’autre.


-Cloé écoute-moi, cache-toi derrière la chaise, je vais appeler Karice, au moment où elle ouvre la porte si je te fais signe, c’est que les hommes ne sont pas là et tu fonces puis tu vas chercher de l’aide.


-Je ne vais pas te laisser seule ici.


Je lui attrape ses mains tremblantes, la fixe dans les yeux.


-On n’a pas le choix, aller, vite avant qu’ils reviennent nous torturer.


Elle s’exécute immédiatement, je lui fais un signe de la tête et lui chuchote.


-On va s’en sortir, Cloé !


Elle incline la tête pour me dire qu’elle est prête.


-Karice ! Karice ! Viens vite, c’est Cloé, elle ne respire plus !


Elle ouvre le mur, au moment où je ne vois aucun des deux hommes, je fais signe de la main à Cloé. Je fonce sur Karice et la bouscule, Cloé profite pour passer et s’enfuir. Karice me regarde de ses yeux de folle.


-Vous êtes vraiment méchantes, vous allez souffrir encore plus.


Elle referme le mur, je prie pour que Cloé arrive à sortir du lycée. Je me blottis dans un coin de la pièce en espérant qu’ils me laisseront tranquille.


Mais c’était trop demandé, le mur se rouvre encore une fois. Les deux hommes rentrent dans la pièce, maintenant que ma sœur n’est plus là, je n’ai plus peur de parler.


-Laissez-moi partir avant que ma sœur revienne avec la police.


Le costaud vient vers moi et m’attrape par les cheveux puis me soulève.


-Lâche-moi !


-Non, ta sœur nous a dit que tu as été très méchante.


-Vous êtes des malades, mais qui êtes-vous ?


Le costaud me traîne par les cheveux et m’attache sur l’établi avec la même corde que la chaise. Il reprend son couteau et me le plante dans la cuisse. Je hurle !


-Quand on est méchante, on le paye.


Je sens le couteau ressortir de ma cuisse doucement, le sang coule le long de ma plaie. Je serre encore plus les dents pour ne pas leur donner le plaisir de m’entendre souffrir. Je le revois lever le couteau et il me le plante sur mon autre cuisse, mais cette fois-ci, il me l’enfonce lentement en le remuant. J’entends le bruit de ma chaire s’ouvrir, je n’ai pas pu m’empêcher de crier. Les deux sadiques se mettent à rire. Je tourne la tête sur le côté et aperçois Karice à regarder avec un sourire diabolique.


-Karice ! Comment tu peux les laisser me faire ça ?


Le mince me met un coup de poing dans le nez, j’entends les craquements de mon os se briser. Le costaud m’arrache d’un coup le couteau de ma cuisse, le sang gicle jusqu’à mon ventre. Je veux juste une chose, qu’il me tue une bonne fois pour toute, je ne supporte plus leur torture. Il me détache et me jette au sol, comme si j’étais juste un sac de linge sale. Puis partent de la pièce, je traîne mon corps douloureux jusqu’à un coin, je pose mes mains meurtries sur mes plaies. Cloé que fais-tu ?


Je pose ma tête contre le mur à moitié dans les vapes. Quand j’aperçois une lueur traverser le mur qui suit le long du sol. Je comprends qu’ils l’avaient mal fermé, c’est ma chance. Mon espoir de pouvoir sortir de cet enfer m’aide à trouver la force de me lever. Je ramasse des bouts de nos vêtements et les attache fermement sur mes plaies, ce qui me fait échapper un gémissement de douleur. Sans perdre de temps, j’ouvre doucement le mur puis je regarde devant et derrière, il n’y a personne. Je cours le plus vite possible que mes jambes me le permettent, ce qui fait saigner encore plus mes plaies. Je me rapproche enfin de la sortie, je me retourne toutes les trente secondes pour voir si mes agresseurs ne sont pas là. Plus que cinq mètres, trois mètres, un mètre, ça y est ! Je pousse de toutes mes forces la poignée de la porte. Fermée !!!





Chapitre 5: La vengeance de Karice



-Non, non, non, ce n’est pas possible !


Je m’effondre contre la porte et me mets à pleurer. Quand soudain, j’entends des bruits de pas raisonnés se dirigeant vers moi, je cours me cacher dans une salle de classe. Je me mets sous le bureau du professeur en fermant les yeux et en suppliant qu’on ne me trouve pas.

Les pas rentrent dans la classe, la lumière s’allume, mon cœur bat de frayeur. D’un coup, on tape contre un bureau, ce qui me fait sursauter, je mets mes mains devant ma bouche pour m’empêcher de crier. La lumière s’éteint et les pas s’éloignent, je respire profondément et réfléchis à une autre manière de sortir d’ici. Je sors hésitante de ma cachette puis je me fige. Une ombre au fond de la classe, ce qui me glace le sang. Je suis complètement paralysée de peur, je me force à avancer d’un pas et je remarque que l’ombre ne bouge pas d’un poil.


-Mais qu’est-ce que tu me veux à la fin !

Dis-je agressivement.


Aucune réponse, je réussis à me rapprocher malgré ma peur et là, je remets ma main devant ma bouche en échappant un cri.


-Cloé ! Non, Cloé !


Je m’effondre à ses pieds, elle est suspendue par des barres de fer qui transpercent les paumes de ses mains, le sang coule le long de ses bras et de ses flancs. Je ne vois presque plus son visage tellement qu’elle est gonflée à cause des coups qu’elle avait reçus.


-Je suis tellement désolée, ma sœur.


Je me relève, les douleurs me font grimacer. Je la serre dans mes bras, sa peau est glacée comme du marbre.


Il faut que je sorte d’ici pour venger ma sœur. Je sors de la classe et me dirige en titubant vers la porte de secours, je me retourne toujours pour surveiller mes arrières. Ma vue se trouble par moments, tout ce que je vois ce sont les traînées de sang que je laisse de mon passage. Lorsque je vois enfin la porte, je me précipite dessus, je la pousse et elle s’ouvre, je ressens un soulagement, mais c’était sans compter que Karice se trouvait de l’autre côté.


-Karice arrête ça ! Pourquoi nous faire subir tout ça ?


-Parce que vous avez été méchantes avec moi.


-Non, je m’occupe de toi tous les jours !


-Oui, mais je t’ai entendu un jour, t’as dit à Cloé que ta vie serait mieux si j’étais morte dans l’accident de voiture.


-J’étais en colère, je ne le pensais pas.


Je fixe derrière elle, la liberté, la fin de mes souffrances se trouve juste à cinq pas.


-Tu vas être gentille avec moi ?


-Oui promis, je serai très gentille.


Je lui souris pour essayer de la convaincre.


-Tu sais ce que je déteste encore plus qu’être méchant ?


-Non, Karice.


-Ce sont les mensonges.


D’un coup l’homme costaud m’attrape les cheveux brutalement par-derrière.


-Karice je vais te tuer, je te jure que je te tuerai !


-Je ne crois pas parce qu’à la fin de mon jeu, tu n’existes plus.


Je tire un coup sec et m’arrache une poignée de cheveux, en réussissant à me dégager de sa poigne, j’arrive à voler son couteau de sa poche arrière et lui plante dans le corps, une fois, deux, trois, quatre, cinq, six fois. Je n’arrive plus à m’arrêter, je mets toute ma hargne jusqu’à ce qu’il s’effondre et ne bouge plus. Je me retourne face à Karice prête à lui réserver le même sort. Je lève le couteau au-dessus de ma tête, Karice ne montre aucun signe de peur, elle me sourit tendrement.


-Meurs, Karice !


Au moment où j’allais lui planter le couteau dans le visage, une main m’agrippe en me stoppant ma lancée et retourne le couteau vers moi. C’est l’homme mince qui pousse doucement la lame vers mon œil droit. J’ai beau pousser le couteau avec mes deux mains, sa force est supérieure à la mienne. La lame se rapproche tellement que ça me fait loucher.


-Karice, dit lui d’arrêter !


-Non, meurt Lina !


Je la fixe et elle me fait le même sourire que ce matin, je saisis qu’elle avait déjà anticipé ma mort de cette façon. Mes forces me lâchent, la lame me pénètre très doucement dans mon œil, je me mets à hurler. Je sens la lame froide s’enfoncer progressivement jusqu’à mon cerveau. La dernière image que je vois avant l’obscurité, c’est Karice qui me fait un coucou de la main en penchant la tête sur le côté avec le même regard pervers du surveillant. Elle a voulu que je sache qui étaient les hommes qui nous avait torturées et tuées, ma sœur et moi.





FIN !